dimanche 9 août 2009

Trail Ubaye-Salomon (19km- d+1111m) - Le 09 Août 2009



Je savais depuis fort longtemps qu'il y avait un trail organiser à Barcelonnette pendant la période où j'y serai. Bien sûr j'avais très envie de le faire mais n'ayant, à cette époque là, jamais fait de trail et encore moins en montagne, la crainte de m'engager dans l'inconnue sur un truc beaucoup trop dur pour moi m'avait fait repousser ma participation de jour en jour.

Après une première semaine de vacances passée à faire de la randonnée pédestre, l'envie me titille toujours.
Mais le challenge me semble ardu au premier abord: 21km, 1000m de dénivelé. Ceci étant je me dis qu'au pire je le fais en marchant, ça je sais que j'en suis capable. La question qui me travaille le plus est: les gens courent-ils dans les montées ?

Je repousse tellement au maximum mon inscription, que je m'inscris sur place une heure avant le départ. J'ai à nouveau passé une nuit d'enfer, nerveux comme pas possible...pas beaucoup dormi encore une fois.
Mais voilà c'est fait, je suis inscrit. Me voilà trailer maintenant. Reste plus qu'à attendre le départ sur la place du village.

Première constatation: les gens sont équipés: des chaussures de trail (tient ça existe ça ? j'ai des chaussures adidas de route moi, ça fera bien l'affaire), des espèces de sac à dos avec eau intégrée (ça sert à quoi ?), des bâtons (on peut courir avec des bâtons ??). C'est sûr ceux là doivent courir dans les montées, ça n'a pas l'air d'être des rigolos.

Pas le temps de trop réfléchir, le départ est donné, je sais que les 5 premiers kilomètres sont plats donc je commence à trottiner à 6mn/km (10km/h) puis je trouve ça trop lent et j'accélère à 5mn/km (12km/h). Tout va bien, on suit la route, c'est pas top comme tracé, mais en tant que novice c'est pas beaucoup moins beau que les bords de quai du Paris-Versailles. Et puis il fait beau et chaud, j'adore ce temps c'est l'été, c'est plaisant. On traverse la route départementale, je suis alors situé en milieu de peloton je crois.

Après 30mn de course, arrive la montée, je continue à courir mais de moins en moins vite, je double des gens qui marchent, puis je me rends à l'évidence:
1- tout le monde marche, je ne peux pas doubler sur cette monotrace
2- De toute façon je ne peux pas courir, ce n'est pas une montée mais une ascension, la pente est beaucoup trop raide. Je vais plus vite en marchant.

Maintenant que j'ai la réponse à ma question, tout va mieux, je monte à un bon rythme (à 4km/h ?) ces 1000m de dénivelé qui m'attendent. C'est une longue file de coureurs qui grimpent à la queue leu leu, c'est assez marrant à voir, pour le coup pas question de doubler ni de se faire doubler. Déjà 1/4 d'heure de montée et je commence à avoir soif, c'est qu'il fait chaud, un peu moins maintenant que nous montons en altitude. J'attends le premier ravitaillement, mais il tarde. Je perds une lentille ensuite, je suis obligé de m'arrêter pour la remettre, mais c'est sympa un trailer, ça vous demande tout de suite si ça va.
La fin de l'ascension est difficile, j'ai passé le stade de la soif, je continue à suivre la longue file de gens devant moi, je me dis qu'après la montée on va avoir droit au ravitaillement. Je commence à comprendre à quoi sert un sac à dos avec de l'eau dedans (camelbak). Après 1h de montée et donc 1h30 de course, viennent des parties plates ou presque car rien n'est totalement plat en montagne. J'ai le temps d'admirer le paysage, qu'au moins tant d'efforts fournis servent à quelque chose. Il faut relancer, les personnes qui me précédent se remettent à courir doucement. La relance c'est très dur, le corps et les jambes réclament du repos, mais ce n'est pas encore l'heure. Toujours pas de ravitaillement. Je commence à désespérer et la mort dans l'âme, je me dis qu'il n'y en a peut être pas et qu'il faut que je m'attende à finir sans.



Commence la descente, je m'étais dit que la descente ça doit être facile, y a qu'à se laisser porter par la pente. Que nenni, les muscles sont bien raides, chaque pas tape dans les cuisses, les fesses. D'autant plus qu'il faut bien freiner et que je me retiens énormément. Et cette impression d'avoir 2 piquets à la place des jambes, la crampe n'est pas loin. Je me fais doubler beaucoup et surtout par des féminines. Je me rends à l'évidence: je ne sais pas descendre.
Et une deuxième évidence, mes adidas ne sont pas faites pour le trail car je vois mes 2 gros orteils dépasser de chaque chaussure.

Enfin au détour d'un chemin que vois je: un ravitaillement. Je m'arrête complètement, prends le temps de boire un verre de coca, puis un autre, et je repars. La brusque arrivée du sucre dans mon corps me fait du bien, mais pas assez, je ne le sais pas encore mais le mal est fait après 2h de course en plein cagnard sans boire: je suis déshydraté.
La pente se fait plus raide, je descends en trottinant, plus en sautant qu'en courant d'ailleurs. Je croise un coureur qui se fait tirer sur la jambe pour enlever des crampes, il dit que ça va, il repart, puis s'arrête illico, "non ça va pas finalement".
Mes jambes sont de plus en plus dur, mon gps annonce 17km et 2h20 de course, les temps et les distances en montagne s'allongent à l'infini. Puis je commence à entendre les rumeurs de l'arrivée, je débouche sur un stade et je passe la ligne. Je regarde mon chrono, le parcours ne fait que 19km et j'en suis bien content.

Je me précipite à la buvette et bois 1, 2 puis 3 verres d'affiler de ce qui se présente. J'en prends un 4ème en titubant et je vais m'asseoir avec. Je sirote mon verre, puis me relève et vais en prendre un 5ème. Je me rassois et là j'attendrai bien sagement ma femme et mon fils, qui me retrouveront 1/4 d'heure plus tard exactement dans la même position, perclus de crampes.

Avec le recul je crois que cette course est celle qui m'a laissé le plus de souvenirs: de par la beauté du paysage, de par l'effort fournit pendant autant de temps, et puis parce que bien sûr c'est une première.
J'en tire aussi des enseignements: acheter un camelbak et s'hydrater correctement, acheter des chaussures de trail pour les descentes c'est mieux.

Aller, quand est ce qu'on repart ?




09/08/09: Barcelonnette: Trail Ubaye Salomon
19.34km
D+: 1 111m
2h34mn41
7.5km/h
143ème/281